Lorsque j’ai dit que je voulais accoucher sans péridurale, j’ai eu droit à des « mais tu es folle », « pourquoi s’en priver », « les femmes souffraient tellement avant », « tu ne sais pas ce que c’est »… En bref, une salve d’encouragements ! Ce que j’aime à notre époque et en France, c’est le CHOIX. Nous avons la chance de pouvoir décider comment nous voulons accoucher, comment nous souhaitons nourrir notre bébé, combien d’enfants nous voulons avoir… Pourtant, les avis sont parfois très tranchés. Dans ce billet, je te parle de mes choix et de mon propre accouchement.

Pourquoi sans péridurale ?

Lors de mon premier accouchement en 2012, la péridurale a foiré… Hé oui, ça arrive ! Des copines de péridurale loupée par ici ? En tout cas, la nana qui lit son magazine, le sourire aux lèvres dans Baby Boom, ce n’est pas moi ! Pour résumer, j’étais à la maternité depuis deux semaines quand il a été décidé que le travail serait déclenché pour retard de croissance. On m’a fait une perfusion d’ocytocine, les contractions n’ont fait qu’accroître malgré la péridurale et tout est allé très vite. La douleur a peut-être été un peu atténuée mais je n’ai eu aucun répit. J’ai versé quelques larmes de panique quand on m’a annoncé qu’il était trop tard et que bébé était là. Puis je me suis dit qu’il fallait que je sois efficace et que je donne toute mon énergie. J’ai finalement adoré ce dépassement de soi et cette intensité d’émotion pour accueillir ma Minidemoiselle. J’étais tellement fière ! Puis j’ai eu mal au dos à l’endroit de la piqûre pendant des mois… Tout ça pour une péridurale loupée. Ce fut finalement un mal pour un bien car depuis ce jour, j’ai toujours affirmé haut et fort que mon prochain accouchement serait 100% nature.

Croire en son projet de naissance

Pourtant, tout semblait se reproduire. Suspicion de retard de croissance, possibilité d’être hospitalisée dès le début du huitième mois, déclenchement possible à n’importe quel moment… Heureusement, je suis tombée sur un obstétricien beaucoup plus à l’écoute que pour Minidemoiselle. Je voulais vivre la surprise des contractions qui se déclenchent seules, le top départ avec les valises dans le coffre et l’arrivée en salle physiologique. Un suivi à domicile a donc été mis en place avec une échographie chaque semaine comme tu as pu le suivre en story sur Instagram. C’est comme ça que de petite victoire en petite victoire, je suis arrivée à la maternité, sans déclenchement, à 38 semaines d’aménorrhée et 4 jours, le 15 janvier 2018. Un tel bonheur pour moi !

Le début des contractions

Tout commence le dimanche 14 janvier avec quelques contractions qui me paraissent différentes. Si tu te souviens, j’ai d’ailleurs posté mon article sur la Valise de maternité de Petitigre, en me disant que si je voulais le publier avant d’accoucher, il ne fallait plus attendre. Mon pressentiment était bon ! De 1h du matin à 7h, les contractions deviennent nombreuses mais irrégulières puis s’arrêtent au petit jour. Grande frustration… À 9h30, avec l’Amoureux, nous allons chez ma sage-femme. Elle m’examine et sent la tête de bébé. Selon elle, si les contractions reprennent, tout pourrait être très rapide. Ses recommandations : une balade, du spasfon et un bain. Wahouuu, on réalise – surtout le futur Papa car moi, je m’en doutais – que c’est pour bientôt ! Contre toute attente, je rentre finir mes mails pro et faire mes dernières photos pour le blog… Dans mon agenda tu peux voir ma « To do list » terminée au dessus de « Naissance de Petitigre ». Du grand n’importe quoi mais complètement à l’image de cette espèce d’hyperactivité irrationnelle qui m’a habitée durant une grande partie de ma grossesse. À 13h, surprise : les contractions redémarrent – alors que nous sommes en train de manger – avec une régularité impressionnante.  Pas de balade en vue, c’est trop tard…

De la maison à la maternité

Oh bonheur, la grande aventure commence vraiment ! Comme j’en avais rêvé, avec des contractions à la maison et le chronométrage par l’Amoureux avec qui je forme dès lors une véritable équipe. Je prends un bain comme il est conseillé de le faire, je suis alors zen, heureuse et excitée à la fois. J’ai aussi peur car la douleur est très différente de ce que j’ai connue pour Minidemoiselle. Effectivement, je ne sens pas du tout les contractions venir des côtés en se diffusant sur l’avant du ventre. Toutes les six minutes, j’ai mal dans le bas ventre, à l’entre-jambe, dans les reins et dans les fesses (pour ne pas dire le rectum… glamour). C’est beaucoup plus douloureux et même si c’est gérable à ce moment là, je crains que ce soit insupportable en augmentant. Au bout de deux heures de contractions régulières espacées, nous partons à la maternité. À 15h30, nous passons en salle d’examen et là, soulagement, dilatation à 5 !!! Petit moment de flottement, si la sage-femme suit le protocole, je n’ai pas accès à la salle physiologique à cause du poids de bébé estimé trois jours plus tôt à 2,450 kilos. Elle appelle mon gynécologue qui donne son feu vert avec monitoring sans fil en continue. Je n’aurai donc pas accès à la baignoire mais j’ai assez barboté dans la mienne.

Qu’est-ce qu’une salle d’accouchement physiologique ?

Je voulais absolument accoucher dans une salle physiologique ou dite « nature ». La différence avec une salle d’accouchement normale ? Elle n’est accessible que si l’on choisit de ne pas avoir de péridurale. En plus d’une table d’accouchement, il y a généralement une baignoire, des lianes de suspension, une grande banquette, un ballon et du matériel sans fil. Cette salle permet donc d’être mobile, d’accoucher dans la position que l’on veut et que le futur papa participe pleinement. Je ne regrette vraiment pas ce choix, c’est ce qu’il me fallait pour réussir mon projet de naissance. Pour preuve, j’ai utilisé la table d’accouchement classique uniquement pour les deux contrôles réalisés par la sage femme. Allongée sur le dos, Petitigre devait encore plus appuyer là où j’avais le plus mal. La douleur n’aurait pas été supportable dans cette position alors que libre de mes mouvements, je la maîtrisais très bien.

Je télécharge les photos de mon appareil photo et je tombe là-dessus… Oui, oui, Il a osé faire un selfie pendant une contraction !

Gestion de la douleur

À 16h, nous sommes installés dans la salle. Au début, je ne sais pas trop quoi y faire… Puis je mets ma playlist prévue pour l’occasion : Yodelice, Charlotte Gainsbourg, Lorde, Lord Huron, la BO de La la land, Franck Sinatra, Angus & Julia Stone, London Grammar… J’ai bien fait, car ces musiques me transportent et m’aident à m’évader. Entre deux contractions, je me berce à leur rythme sur le ballon en fermant les yeux et en chantonnant… Je plane vraiment sans penser à la suivante. Le temps de répit me parait alors bien plus long, tandis que la douleur semble intense mais courte. Quand elle vient, je me lève, je me penche en avant contre la banquette, je respire, je continue de dodeliner du bassin comme sur le ballon puis je me réinstalle pour une nouvelle séance de bercements. Depuis plusieurs jours, je suis un protocole homéopathique précis pour avant, pendant et après l’accouchement. Je prends mes granules tous les 1/4 d’heure. Efficace ou pas ? En tout cas, tout se passe bien pour moi donc je poursuis.

L’anecdote de la poche des eaux

Alors que je sens que ça pousse mais que ça bloque, la sage femme m’ausculte, dilatation à 7 et malgré que le bébé appuie, la poche des eaux résiste. Elle me propose de la percer. J’hésite car je préférerais que ça arrive naturellement et je sais aussi que les contractions vont faire bien plus mal après. Je finis par accepter car elle pense qu’en 20 minutes ça peut être fini… J’ai du mal à croire qu’après des mois d’attente à rêver de ce moment dans cette salle, je vais y accoucher en moins de deux heures. Tandis que la sage femme sort chercher le matériel et que nous échangeons quelques mots avec l’Amoureux, BOOM, la poche des eaux explose toute seule sous la pression d’une contraction. On rigole… Le timing est tellement dingue !!! Et là, bien sûr, tout s’accélère.

Mon accouchement sur le côté

Je ne sais plus trop ce que je fais, je me retrouve agenouillée par terre, la tête posée sur le lit, ça me soulage, je me fiche du reste. Sous l’intensité, j’ai l’impression de perdre la raison mais je sais que ça ne va pas durer. La sage femme a bien compris que je n’accoucherai pas allongée sur le dos, elle met un drap sur la grande banquette, je m’y installe et je cherche la position qui me convient le mieux. J’essaye une poussée à quatre pattes mais ça ne me va pas. L’amoureux me suggère d’essayer allongée sur le côté, comme ma sage-femme nous l’a montré en préparation à l’accouchement. Je ne sais plus rien, heureusement qu’il est là pour me guider. Il me tient une jambe en l’air, je pousse avec le pied contre lui et les mains contre le mur. Je souffle, je pousse, il faudrait que ça se termine donc je me concentre et je donne tout. J’ai une sensation de brûlure à l’entre jambe quand la tête de bébé sort mais la douleur est surmontable.

La grande rencontre avec bébé

Et là, c’est magique, il pousse son premier cri, alors qu’il n’a que la tête dehors. J’entends la sage femme lui dire « Mais qu’est-ce que tu fais, tu n’es même pas encore sorti ! » Nouvelle rigolade. Ce Petitigre a poussé son premier rugissement comme un vrai petit sauvage curieux de la vie ! Encore une poussée et il est là. Il est 17h50. Je suis émue, incrédule, fière : nous avons réussi, nous l’avons fait tous ensemble, l’Amoureux, Petitigre et moi. Nous avons remporté ce grand défi ! Ma grossesse n’a pas été simple, autant psychologiquement que physiquement, je ne m’en suis pas cachée sur le blog. Du coup, j’avais très peur que mon accouchement soit aussi chaotique. Au contraire, il a clos en beauté ce parcours car j’ai donné la vie comme j’en rêvais.

Et Petitigre alors ?

J’en suis raide dingue ! Moi qui avais si peur de cette rencontre, qui avais tant de questions sur son métissage et sur le fait que ce soit un garçon, j’ai tout oublié : les doutes, les peurs, les douleurs de cette grossesse (ok, pour être honnête, j’ai le dos encore en bouillie qui me rappelle à l’ordre). Je le vois, bien évidemment, comme le plus parfait des petits garçons. Je vibre pour lui, j’ai peur pour lui et je ne regrette pas qu’il soit arrivé par surprise dans ma vie. Petitigre s’appelle Gauthier et avec ses 2,770 kilos, il a provoqué un tsunami dans mon cœur le 15 janvier 2018. Voilà pour notre début d’histoire. Je te dis à bientôt, pour la suite de nos aventures.

10 confidences en plus

  1. Je peux être une vraie chochotte comme une warrior face à la douleur… C’est quitte ou double.
  2. Quand je dois donner une note allant de 0 à 10 à une douleur ressentie, j’ai tendance à minimiser car il y a toujours pire… Genre les séances de torture au Moyen-Age… D’accord, ça ne risque pas de m’arriver mais quand même !
  3. Je sais que j’ai eu beaucoup de chance car je n’ai eu ni épisiotomie, ni déchirure. Dieu a exaucé mes prières comme dirait Ophélie Winter (comment passer pour une vieille si tu ne comprends pas de quoi je parle)
  4. Si je n’accouchais pas aussi rapidement, j’aurais peut-être demandé la péridurale.
  5. Je vis très mal les anesthésies, généralement, ça me rend agressive et énervée.
  6. J’ai eu un très petit baby blues… Je pense que le fait de ne pas avoir eu de péridurale m’a rendu l’après accouchement plus facile. Mais je me trompe peut-être.
  7. Accoucher en journée est nettement moins fatiguant !
  8. En revanche accoucher en janvier, en plein pic de gastro et de grippe, c’est vraiment la loose.
  9. La grossesse me manque déjà, alors que la fin était pourtant difficile. En y repensant, le début était horrible, le milieu… Bref.
  10. Je recommencerais sans hésiter sans péridurale mais je suis consciente que chaque accouchement est différent.